LAC ASSAL

J28NH/P  

Lac ASSAL ( -146 M ..! )
par J28NH – Jean-Louis
du 29 nov au 01 dec 2000.

 

Un qsy décidé au dernier moment avec Daniel, un om du radio club J28AG, qui m’avait demandé si nous pouvions utiliser notre matériel pour une sortie radio et si je voulais bien l’accompagner. Le Nord étant déconseillé il avait choisi de faire un qsy sur le site du lac Assal après une discussion avec son qsl manager et le président de son club 11 mètres. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous nous lancions dans les demandes de prêt de véhicule, de matériel et de toute la logistique nécessaire pour la sortie radio.

La présence de nomades passant près de notre campement et le danger des cables et haubans des deux antennes nous avaient fait opter pour un guide. Le plus important étant de trouver un guide originaire des environs du lac, parlant Somali, Afar et Ethiopien afin de nous faciliter les rapports avec les habitants et surveiller notre campement pendant la journée…et la nuit…
Le groupe éléctrogène et le matériel étant denrées rares sur le site.

Le 29 au matin nous allons récupérer le véhicule du type fourgon. En installant une table de camping et deux chaises pliantes nous avons un super « van radio », chargement du matériel et des vivres et nous repartons chacun à nos occupations en attendant impatiemment 13h00 la fin du travail.

Surprise au moment de monter dans le Boxer, la roue arrière droite est crevée.. Ca commence mal… Coup de téléphone à un copain mécanicien qui effectue la réparation en quelques minutes.
Un crochet par les qra respectifs pour récupérer le matériel radio et après un rapide au revoir nous prenons la route en direction de l’Ouest du territoire. Le guide nous attends sur la route d’Arta un village situé à une quanrantaine de kilomètres de Djibouti. Passé le col d’Ouéa nous roulons tranquillement sur la route nationale, le plus dur étant d’éviter les nids de « poules géantes », les camions venant d’Ethiopie en panne ou quelques chauffeurs prenant la route pour une des pistes du Dakar.

– Qui doit passer ?

Réponse A: nous, Réponse B: eux ..

 

 

 

Arrivé au kilométre 51 .. stupeur .. Nous parlions du petit groupe, de ses caractéristiques, espérant qu’il allait tenir les deux jours et quand nous en sommes arrivé au bidon d’essence … Un flou dans la cabine.. t’as fait le plein ? ..oui mais non mais je croyais.. ah bon moi aussi.. et toi.. non non ! Un ange passa avec une roue de secours et un jerrycan d’essence.

Impossible de faire demi-tour jusqu’à Djibouti sans reporter la sortie. Arrêt au poste de Gendarmerie. Après renseignement il faut repartir sur le village d’Ouéa. Une heure aller retour. Plein du bidon fait, le prix du litre d’essence « surtaxé », nous repartons en direction des cols, il faut se dépêcher car la nuit arrive à 18h00 en cette saison. La route et superbe, la dépression du Goubeth et le lac Assal se dessinent en dessous de nous.

J’ai mis en route le GPS et nous surveillons le « niveau Zéro » ( il faut jouer le jeu..). Le cap passé nous cherchons une place pour la nuit. Un allez-retour vers le lac .. ( -146 mètres ) remontée en surveillant le GPS et installation du camp « quatre étoiles » à – 80 mètres sous les yeux ébahis de nomades attendant la nuit pour se diriger vers leur site réservé sur la banquise de sel. ( Le travail étant trop dur en plein soleil et les dromadaires ayant peur des engins de chantiers effectuant la récolte mécanisée du sel dans la journée.)

 

 

 

-146 mètres .. Engin de la compagnie du sel..

 

Facile d’imaginer la surprise, quand vous n’avez en tout et pour tout, lors de vos voyages interminables vers l’Ethiopie et la Somalie, que quelques dromadaires bâtés d’outres en peau de chèvres et d’un ou deux sacs de nourriture , de voir un véhicule se garer et des gars qui aprés avoir installé les antennes, les lits de camp et le filet anti-chaleur, demarrent le groupe électrogène et s’installent pour dîner tout en écoutant RFI..

. J28NH/P … La R7

Surpris nous le sommes également : la traduction en direct de quelques phrases entendues par notre guide. Les caravaniers nous félicitaient d’attendre la tombée de la nuit pour manger… Nous sommes en plein Ramadan, le mois de jeûne des musulmans et nous n’osons pas les contredire. C’est avec le regard tournés vers le sol que nous les laissons partir… Notre gêne se transformant en humilité à leurs yeux nous passons pour de bons croyants.

Nous ne les reverons que le lendemain matin passant bien au large et de l’autre côté de la route, Mohamed nous avouant qu’il leur avait menti pour leur sécurité et celle des personnes qui passent ici jours et nuits, leur expliquant qu’il fallait éviter de passer trop près des antennes, car la technique et le mauvais sort mélangé à de l’électricité trainaient tout le long des cables et des antennes… C’est à peine s’ils ont voulu de nos bouteilles d’eau.

La caravane de sel..

Fin de montage des antennes et essais .. Dur dur nous nous brouillons, mais ce n’est pas une surprise. Nous écartons les deux mâts d’antenne d’une vingtaine de mètres mais rien n’y fait. Je fais quelques contacts et la propagation arrivant sur 10 et 11 mètres je laisse Daniel commencer son trafic, après tout nous sommes là pour lui.

J’en profite pour faire une petite ballade sans trop m’éloigner du camp, le ballet des camions et des engins sur le lac a commencé. A l’aide de jumelles je regarde les véhicules roulant sur la banquise de sel, Les nuages de gasoil qui sortent des échappements dénotent des blancs et bleus naturels du lac.

Le van au loin ..

En revenant vers le van je vois Mohamed me faire de grands signes. Arrivée près de lui je lui demande ce qu’il se passe et il me dit que nous avons eu la visite de la Gendarmerie qui se demandait ce que nous faisions ici, pourquoi, comment etc.. Pas de problème chef..!
En faite de « pas de problème » vers 11h00 retour de la voiture bleue des forces de l’ordre, chef de détachement en tête, me sommant de decliner nos identités et de fournir « tous les papiers nécessaires » ..!!
Ce qui fut fait, Les autorisations vérifiées, il fallait quand même aller au poste pour confirmer tout cela avec le quartier général de Djibouti… Montée vers le col et arrivée au poste, j’assiste pendant presque deux heures à des discussions que je trouvais très longues ne parlant pas ni l’afar ni le somali.. Tout se termine miraculeusement bien car une haute autorité confirma que Daniel, qui est cuisinier de métier, lui en avait parlé lors d’un repas quelques jours auparavant… ouf ..

Une heure de plus à attendre le retour de la voiture de service et descente plus qu’hazardeuse avec un véhicule 4×4 réquisitionné pour l’occasion et qui aurait bien eu besoin d’une bonne révision surtout au niveau des freins.. Arrêt à « l’africaine »: l’aide de service sautant du véhicule pour caler une pierre, ramassée prestement sur le bord de la route, sous la roue avant droite. Ouf..!!

Je retrouve Daniel et Mohamed qui se demandaient si on allait pas me retrouver avec un boulet à la cheville entrain de casser des cailloux… Et côté cailloux, j’étais servi.

Le petit groupe..

Ca ne fait rien, plus de peur que de mal et je passe la fin d’après midi à suivre le trafic de Daniel.. Le vent se lève la température baisse à vue d’oeil .. 17° centigrades..
Arrêt des transmissions et nous dînons tranquillement avant de préparer la nuit .. Je contacte quelques stations sur 15 mètres : des américains et l’Europe, je ferme la station avec F9CZ qui passait par là..

Nous nous enfonçons au fond de nos duvets, je décide de dormir à l’intérieur du van.. Trop de vent dehors… le groupe ayant été rentré à l’arrière du véhicule, il va falloir faire avec l’odeur d’essence..
Vers deux heures du matin je suis réveillé par des sortes de petits cris et des bruits bizarres… je prends la lampe torche et entrouvre tout doucement la porte coulissante. Je presse le bouton de la Maglite et au moment où la lumière déchire la nuit je ne peut me retenir un cri de stupeur.. A dix mètres des deux oms qui dorment sur les lits picots, trois paires d’yeux rouges me fixent et il y en a d’autres un peu plus loin.. Ce sont des hyènes, qui encore plus surprises que nous détallent comme des flêches dans la dépression entre les rochers.
Daniel et Mohamed, les yeux pleins de sommeil, sont assis et me regardent en se demandant si de dormir à côté du groupe et dans les odeurs d’essence ne m’a pas un peu ramolli le cerveau.. Au réveil ils rigolaient beaucoup moins. Des traces de pattes et le sac poubelle, qui était attaché sur le mât télescopique SA13, était éventré et le contenu éparpillé sur 20 mètres..
Je ne sais pas si c’est suite au regard de Daniel ou à la pensée de se faire croquer par les bestioles, mais « Momo », qui aurait du normalement surveiller le campement pendant la nuit, est allé faire un tour. Il a passé la nuit suivante au garde à vous avec une pelle américaine dans une main et la lampe halogène dans l’autre ..

..Une « bestiole »

Lever à 03H00 GMT le soleil est déja posé sur l’horizon.. Notre position en dessous du niveau de la mer retarde de 15 à 20 minutes l’arrivée de la lumière.. le vent a soufflé toute la nuit et le reveil en fanfare a un peu écourté notre repos.
Démarrage du groupe, une rapide écoute sur 28 mhz.. pas de propagation.. J’en profite pour mettre le FT900 en route et je fais un premier qso avec VU2ELJ suivi de stations américaines, Russes, le Salvador et la Colombie arrivent également très fort, je termine deux heures plus tard avec un superbe doublet avec deux stations Irakiennes et une Jordanienne.
Je passe la main à Daniel qui piaffe d’impatience. Le reste de la journée nous donne une propagation déroutante.. Les stations passent aussi fort sur 28 que sur 14 mhz.!

FT 900at et son alim
SEC 1223 à découpage.

 

 

Je reprends mes émissions vers 19 heures. la Grèce puis F5MVB suivit de F6DZU, F2WU et F8AED pour finir sur 14 mhz, avant de repartir sur 21 mhz ou je retrouve 3B8GQ de Maurice, KZ5RO Ron qui ne sait pas trop ou donner de la tête, tout le monde veut me contacter et me voila parti en franco-Américain sur les explications du pourquoi comment de ma présence  » Sous the sea level… ».. Heureusement qu’internet est passé par là car grâce au web des oms expliquent à qui mieux mieux sur la fréquence que j’étais sur la faille de l’Afrique .. que la Rift valley.. etc.. etc..
Bref pour un américain du Dakota ou du fin fond de la Virginie ce n’est pas gagné.. Je laisse Ron se débrouiller et je m’enfuie lâchement, en donnant un dernier report à EA3ESZ qui arrive 56 sur ma R7.
Le fatigue aidant nous mangeons rapidement, il est déja 22H30 locales, et le peu de sommeil de la veille nous force à faire de même pour l’installation du camp pour la nuit. Quelques camions passent, nous entendons Mohamed leur parler entre deux rêves de DX… Je suis réveillé par notre guide-gardien, qui sûrement pour se faire pardonner, a commandé du pain frais aux chauffeurs de la compagnie du sel, il est cinq heures et l’horizon se teinte lentement de bleu et de rose..
Le temps que l’eau du café chauffe je mets en route le groupe et lance quelques appels, une courte discussion avec 3B8GF à qui j’explique ma présence en ce lieu et lui commente en direct notre courte expédition et nos petits déboires, les USA répondent à leur tour et la Russie prend le relais.. UA9, UA0.. suivi des UA6 et autres UA3. VE2BWL, à une heure avancée de la nuit au Quebec, me contacte avant de couper sa station. Je termine avec Israel, 4X4BL en contact avec 4Z5FL/M.
Daniel prends la suite et le samedi matin aidant il faut presque lui couper l’alimentation électrique pour l’obliger à plier le matériel. Il est preque 11H00 et il y a de la route à faire, et de plus nous avons une échéance en fin d’après-midi pour la restitution du matériel.

Un bonjour au poste de Gendarmerie en passant le sommet du col ( hi..!) et nous repartons vers la ville après trois jours de vent, de sable et de rochers à perte de vue. Le trajet retour est passé, bien sûr, à préparer la prochaine expédition. Après le sable pourquoi pas la mer..?   AF-053 et AF-059..?

Jean louis MARQUIS J28NH/ F5NHJ – CDXC 976

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